Œuvre La tour de Nesle
Titre : La tour de Nesle
Année de publication : 1832
Genre : Théâtre
Collaborateur(s) : Frédéric Gaillardet
Epoque du récit : 1314
Résumé la Tour de Nesle :
Philippe
d'Aulnay vient d'arriver à Paris pour retrouver son frère jumeau Gaultier,
capitaine très aimé de la reine Marguerite de Bourgogne. Dans la taverne
d'Orsini, il rencontre Buridan arrivé comme lui depuis quelques jours pour
chercher fortune. Comme ils ont tous deux reçu la même invitation à un
mystérieux rendez-vous d'amour dans la nuit, Gaultier les somme d'être
prudents. En effet depuis quelques temps, la Seine rejette presque chaque jour
au niveau de la tour de Nesle trois cadavres de nobles et beaux jeunes hommes
étrangers à la ville. Le lendemain, on retrouve deux corps dans la Seine
dont celui de Philippe d'Aulnay. Buridan a pu s'échapper de la tour de Nesle
grâce à Landry, un de ses anciens compagnons d'armes, qui l'a laissé sauter par
la fenêtre en faisant croire à son maître Orsini qu'il était mort comme les
autres.
Buridan
a reconnu en leurs étranges partenaires masquées la reine Marguerite et ses
deux sœurs. Déterminé à arrêter ces méfaits, il obtient un rendez-vous avec
Marguerite. Il lui dévoile alors qu'il est un rescapé de cette terrible nuit.
Il veut une nomination au poste de premier ministre, sinon Gaultier d'Aulnay,
que la reine aime tendrement, saura qu'elle est responsable de la mort de son
frère Philippe. La reine ne peut qu'accepter, mais profitant de la
faiblesse de Gaultier à son égard, elle lui soustrait la preuve que Buridan
avait confiée à celui-ci et fait mettre Buridan dans un cachot de la prison du
Châtelet. Marguerite ne peut cependant résister à l'envie d'aller triompher
devant lui, ce dont il profite pour utiliser son ultime recours: un secret
datant de sa jeunesse à la cour du roi Robert, le père de Marguerite. Son
vrai nom est Lyonnet de Bournonville, il a été l'amant de Marguerite dont sur
les instances de celle-ci, il a tué le père parce qu'ayant découvert qu'elle
était enceinte, il voulait l'envoyer dans un couvent. Buridan est en outre en
possession d'une lettre de Marguerite le chassant après le fait accompli...
Devant
la menace de faire donner cette lettre au roi Louis X par Landry, Marguerite
cède encore une fois la rage au cœur et Buridan devient premier ministre. En
contrepartie de l'éloignement de Gaultier en province, Buridan propose à
Marguerite de lui rendre sa lettre le soir même à la tour de Nesle, sachant
pertinemment que les sbires de la souveraine l'attendront pour le tuer. Il
y envoie Gaultier à sa place, dont la soumission à la reine est telle qu'elle
lui fait oublier le sens de l'honneur et, pour prendre la reine en flagrant
délit d'adultère, ordonne à ses gardes d'arrêter quiconque sera à la tour de
Nesle dans la nuit. Mais quand Landry lui apprend que les enfants dont
Marguerite a accouché n'ont pas été tués mais abandonnés avec une marque sur le
bras gauche, marque que Buridan a vu sur le bras de Philippe et Gaultier
d'Aulnay, il court à la tour de Nesle pour essayer d'empêcher l'irréparable.
Mais il arrive trop tard. Gaultier meurt en maudissant sa mère et Buridan et
Marguerite sont arrêtés.
Analyse de l'oeuvre :
La tour de Nesle, drame en cinq actes et neuf tableaux, a été représentée pour la première
fois le 29 mai 1832 au théâtre de la Porte Saint-Martin. Les tableaux nous font
passer successivement par la taverne d'Orsini, la tour de Nesle, le Louvre
(intérieur et extérieur), un cachot et une taverne, avant de finir à la tour de
Nesle. Cette pièce a été un des succès les plus retentissants et les plus
prolongés du théâtre de l'époque, ce qui lui a valu d'éviter la censure en 1836
(menacée par Thiers). Elle a toutefois été interdite en 1853 (par Persigny)
puis de nouveau autorisée en 1861 sous réserves de modifications. Mais elle est
aussi connue pour la polémique au sujet de sa paternité, qui a débouché sur un
procès de Gaillardet à l'encontre de Dumas avant de finir par un duel au
pistolet entre les deux hommes, heureusement sans conséquences mortelles ni
pour l'un ni pour l'autre.
Dans
ses Mémoires (chapitres CCXXXIV à CCXXXVII), Dumas
explique que c'est le directeur de théâtre Harel qui est en fait à l'origine de
cette querelle: il est venu le voir en lui demandant de retoucher un manuscrit
d'un jeune homme de Tonnerre, Frédéric Gaillardet, alors que celui-ci n'était
pas au courant. Dumas refait le drame mais ne veut pas être nommé lors des
représentations. Harel détourne cette promesse en mettant sur l'affiche: «de MM
*** et Gaillardet». Ce qui n'aura pas l'heur de plaire à ce dernier. En 1861,
Gaillardet reconnaîtra toutefois le rôle capital de Dumas dans l'écriture de la
pièce.
La tour de Nesle s'attaque donc au personnage de Marguerite de Bourgogne, la reine
sanglante qui tuait ses partenaires d'orgie d'une nuit afin qu'ils ne puissent
la reconnaître. Buridan, ancien amant ressurgissant du passé pour se faire
justicier, deux jeunes gens dont on sait à la fin qu'ils sont les enfants de
Marguerite et Buridan et qui meurent par la faute de leur mère, Buridan voulant
piéger Marguerite et qui tombe avec elle: tous les ingrédients du drame sont là
avec en trame principale la lutte que se livrent Buridan, un aventurier plein
de ressources, et Marguerite de Bourgogne, reine profitant outrageusement de sa
puissante position. La scène du cachot, dans laquelle le prisonnier (Buridan),
sans plus aucun espoir de s'échapper compte pour se libérer sur la venue de son
ennemie (Marguerite) cédant au désir de venir le narguer, est devenue un
classique souvent repris par la suite dans de nombreux romans d'aventures. Il
est d'ailleurs étonnant que Dumas ne soit jamais revenu sur cette période dans
ses livres. On aurait bien vu un roman de lui tiré de cette pièce. Il existe
d'ailleurs un roman d'Henri Demesse intitulé La tour de
Nesle, paru sous le double nom de Dumas et Gaillardet, dans lequel l'auteur
reconnaît à la fin de ce livre de plus de 1700 pages «avoir fait un roman tiré
du célèbre drame de Gaillardet et Dumas».
No hay comentarios:
Publicar un comentario