domingo, 25 de octubre de 2015

Œuvre La tour de Nesle


Œuvre La tour de Nesle

Titre : La tour de Nesle
Année de publication : 1832
Genre : Théâtre
Collaborateur(s) : Frédéric Gaillardet
Epoque du récit : 1314


Résumé la Tour de Nesle :

Philippe d'Aulnay vient d'arriver à Paris pour retrouver son frère jumeau Gaultier, capitaine très aimé de la reine Marguerite de Bourgogne. Dans la taverne d'Orsini, il rencontre Buridan arrivé comme lui depuis quelques jours pour chercher fortune. Comme ils ont tous deux reçu la même invitation à un mystérieux rendez-vous d'amour dans la nuit, Gaultier les somme d'être prudents. En effet depuis quelques temps, la Seine rejette presque chaque jour au niveau de la tour de Nesle trois cadavres de nobles et beaux jeunes hommes étrangers à la ville.  Le lendemain, on retrouve deux corps dans la Seine dont celui de Philippe d'Aulnay. Buridan a pu s'échapper de la tour de Nesle grâce à Landry, un de ses anciens compagnons d'armes, qui l'a laissé sauter par la fenêtre en faisant croire à son maître Orsini qu'il était mort comme les autres.

Buridan a reconnu en leurs étranges partenaires masquées la reine Marguerite et ses deux sœurs. Déterminé à arrêter ces méfaits, il obtient un rendez-vous avec Marguerite. Il lui dévoile alors qu'il est un rescapé de cette terrible nuit. Il veut une nomination au poste de premier ministre, sinon Gaultier d'Aulnay, que la reine aime tendrement, saura qu'elle est responsable de la mort de son frère Philippe. La reine ne peut qu'accepter, mais profitant de la faiblesse de Gaultier à son égard, elle lui soustrait la preuve que Buridan avait confiée à celui-ci et fait mettre Buridan dans un cachot de la prison du Châtelet. Marguerite ne peut cependant résister à l'envie d'aller triompher devant lui, ce dont il profite pour utiliser son ultime recours: un secret datant de sa jeunesse à la cour du roi Robert, le père de Marguerite. Son vrai nom est Lyonnet de Bournonville, il a été l'amant de Marguerite dont sur les instances de celle-ci, il a tué le père parce qu'ayant découvert qu'elle était enceinte, il voulait l'envoyer dans un couvent. Buridan est en outre en possession d'une lettre de Marguerite le chassant après le fait accompli...

Devant la menace de faire donner cette lettre au roi Louis X par Landry, Marguerite cède encore une fois la rage au cœur et Buridan devient premier ministre. En contrepartie de l'éloignement de Gaultier en province, Buridan propose à Marguerite de lui rendre sa lettre le soir même à la tour de Nesle, sachant pertinemment que les sbires de la souveraine l'attendront pour le tuer.  Il y envoie Gaultier à sa place, dont la soumission à la reine est telle qu'elle lui fait oublier le sens de l'honneur et, pour prendre la reine en flagrant délit d'adultère, ordonne à ses gardes d'arrêter quiconque sera à la tour de Nesle dans la nuit. Mais quand Landry lui apprend que les enfants dont Marguerite a accouché n'ont pas été tués mais abandonnés avec une marque sur le bras gauche, marque que Buridan a vu sur le bras de Philippe et Gaultier d'Aulnay, il court à la tour de Nesle pour essayer d'empêcher l'irréparable. Mais il arrive trop tard. Gaultier meurt en maudissant sa mère et Buridan et Marguerite sont arrêtés.


Analyse de l'oeuvre :

La tour de Nesle, drame en cinq actes et neuf tableaux, a été représentée pour la première fois le 29 mai 1832 au théâtre de la Porte Saint-Martin. Les tableaux nous font passer successivement par la taverne d'Orsini, la tour de Nesle, le Louvre (intérieur et extérieur), un cachot et une taverne, avant de finir à la tour de Nesle. Cette pièce a été un des succès les plus retentissants et les plus prolongés du théâtre de l'époque, ce qui lui a valu d'éviter la censure en 1836 (menacée par Thiers). Elle a toutefois été interdite en 1853 (par Persigny) puis de nouveau autorisée en 1861 sous réserves de modifications. Mais elle est aussi connue pour la polémique au sujet de sa paternité, qui a débouché sur un procès de Gaillardet à l'encontre de Dumas avant de finir par un duel au pistolet entre les deux hommes, heureusement sans conséquences mortelles ni pour l'un ni pour l'autre.

Dans ses Mémoires (chapitres CCXXXIV à CCXXXVII), Dumas explique que c'est le directeur de théâtre Harel qui est en fait à l'origine de cette querelle: il est venu le voir en lui demandant de retoucher un manuscrit d'un jeune homme de Tonnerre, Frédéric Gaillardet, alors que celui-ci n'était pas au courant. Dumas refait le drame mais ne veut pas être nommé lors des représentations. Harel détourne cette promesse en mettant sur l'affiche: «de MM *** et Gaillardet». Ce qui n'aura pas l'heur de plaire à ce dernier. En 1861, Gaillardet reconnaîtra toutefois le rôle capital de Dumas dans l'écriture de la pièce.

La tour de Nesle s'attaque donc au personnage de Marguerite de Bourgogne, la reine sanglante qui tuait ses partenaires d'orgie d'une nuit afin qu'ils ne puissent la reconnaître. Buridan, ancien amant ressurgissant du passé pour se faire justicier, deux jeunes gens dont on sait à la fin qu'ils sont les enfants de Marguerite et Buridan et qui meurent par la faute de leur mère, Buridan voulant piéger Marguerite et qui tombe avec elle: tous les ingrédients du drame sont là avec en trame principale la lutte que se livrent Buridan, un aventurier plein de ressources, et Marguerite de Bourgogne, reine profitant outrageusement de sa puissante position. La scène du cachot, dans laquelle le prisonnier (Buridan), sans plus aucun espoir de s'échapper compte pour se libérer sur la venue de son ennemie (Marguerite) cédant au désir de venir le narguer, est devenue un classique souvent repris par la suite dans de nombreux romans d'aventures. Il est d'ailleurs étonnant que Dumas ne soit jamais revenu sur cette période dans ses livres. On aurait bien vu un roman de lui tiré de cette pièce. Il existe d'ailleurs un roman d'Henri Demesse intitulé La tour de Nesle, paru sous le double nom de Dumas et Gaillardet, dans lequel l'auteur reconnaît à la fin de ce livre de plus de 1700 pages «avoir fait un roman tiré du célèbre drame de Gaillardet et Dumas».


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