Le comte de Monte-Cristo
Titre : Le comte de Monte-Cristo
Année
de publication: 1844-1845
Genre : Roman
Collaborateur(s) : Auguste Maquet
Epoque
du récit : 1815 à 1839
Résumé :
Au Panthéon des marins naufragés, Edmond
Dantès occupe sans conteste une place à part. Victime d'une dénonciation
calomnieuse alors qu'il allait épouser la belle Mercédès, le malheureux – à
l'aube de sa vie – est enfermé pour 14 ans dans un sinistre cachot du château
d'If en rade de Marseille. Son salut viendra de l'abbé Faria, un autre
prisonnier avec lequel il entretient une amitié clandestine des années durant.
Celui-ci lui transmet sa vaste culture et à sa mort, un trésor caché.
Dantès fuit alors et ce faisant échappe
de peu à la noyade. Il est dit mort et, après s'être assuré le trésor caché
dans l'île de Monte-Cristo, il renaît sous une nouvelle identité, celle du
comte de Monte-Cristo. Doté d'un immense fortune, d'une puissance sans limite
et d'une intelligence supérieure, Monte-Cristo se consacre à sa vengeance, en
utilisant notamment toutes sortes de fausses identités et de déguisements.
Egalement
à l'aise dans la société des bandits italiens ou des contrebandiers corses que
dans celle de l'aristocratie parisienne qu'il éblouit, notre héros retrouve les
dénonciateurs d'Edmond Dantès, qui ont tous réalisé une progression fulgurante
dans la société, et les perd par où ils ont pêché : jouant sur leurs
désirs de pouvoir, de fortune amoureuse et financière, il exhume leurs méfaits
passés et leur tend des pièges complexes auxquels ils sont bien incapables d'échapper.
A l'inverse, il rétribue tout aussi généreusement ceux qui furent fidèles au
jeune marin et à son vieux père sans ressources.
La
vengeance cependant a un goût amer... Victorieux de ses ennemis, Monte-Cristo
est assailli par le doute. En s'autoproclamant instrument de la justice
divine, ne l'a-t-il pas en fait usurpée ? Grave crise morale au dénouement
politiquement incorrect. Tel un phénix encore, Monte-Cristo triomphe de son
sentiment de culpabilité et réapprend l'amour en compagnie d'une nouvelle
femme, Haydé. Exit à jamais, cette fois, Dantès et Mercédès.
Analyse :
Avec la saga des mousquetaires, il
s'agit là, bien sûr, du plus célèbre roman de Dumas, du plus universellement
connu. Le comte de Monte-Cristo a ainsi donné lieu à des adaptations
cinématographiques incessantes, sans parler de suites, pastiches et
imitations littéraires sans nombre.
Pourquoi ce roman suscite-t-il un tel
engouement, une telle fascination ? Sans doute parce qu'il s'agit du livre
le plus complexe de Dumas, celui qui se prête au plus grand nombre
d'interprétations, celui dans lequel chaque lecture permet de découvrir de nouveaux
aspects. A première vue, Monte-Cristo est d'abord l'histoire d'une
vengeance, particulièrement élaborée et artistiquement menée – sans rémission
ou presque – jusqu'à son aboutissement total. Le livre en est ainsi arrivé à
incarner le thème même de la vengeance. Mais bien d'autres aspects méritent
d'être soulignés. Tout aussi omniprésente que l'idée de vengeance, par exemple,
est celle de la toute-puissance. Monte-Cristo est peut-être la plus
belle illustration littéraire jamais donnée d'un fantasme universel :
celui de l'enfant malheureux qui proclame qu'un jour, il sera grand, riche,
puissant et qu'il récompensera et punira son entourage en fonction des mérites
de chacun...
Dans ce
conte – nullement pour enfants – on peut aussi être frappé par le nombre de
morts et de renaissances apparentes et symboliques. A l'occasion et même abîmés
en mer, les bateaux rentrent au port, toutes voiles dehors ! Les
emmurés vivants échappent au tombeau. Les noyés ne sont pas morts. Les
candidats au suicide se reprennent in extremis. Les paralytiques s'expriment et
agissent avec une efficacité merveilleuse. Le poison entraîne la catalepsie
plutôt que le trépas. Car il s'agit d'attendre et d'espérer, comme le conclut
le roman...
Autre
possibilité: Monte-Cristo serait-il un roman de mer ? Soumis à
des fortunes diverses, ses héros expérimentent tour à tour le sommet de la
félicité et de la désespérance. L'une succède presque automatiquement à
l'autre et c'est aussi la condition de l'épanouissement final des «bons» parce
que le bonheur, selon Monte-Cristo, ne s'apprécie que par comparaison avec
l'expérience du malheur. Orphelin de père à l'âge de quatre ans, Alexandre
Dumas savait de quoi il parlait.
Il
savait aussi que les hommes ne sont pas simples. Et si ses «méchants» sont
résolument crapuleux, ses «bons» prêtent à question. Que penser par exemple
d'un homme – Monte-Cristo – qui fournit à une empoisonneuse le moyen de
commettre ses crimes ? On l'a dit, lui-même ne sait plus où il en
est. Et si, bien sûr, l'amour en définitive triomphe, c'est sans
manichéisme simpliste. Sur
l'origine du roman, lire le très intéressant texte de Dumas, État civil du
Comte de Monte-Cristo, dans ses Causeries. Voir également l'adaptation
au théâtre, en quatre pièces, réalisée par Dumas et Maquet.
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